M. Philippe Néri Kouthon Nion, contrôleur général d’Etat et son excellence M. Tertius Zongo, ancien premier ministre du Burkina, président de l’Académie Internationale pour la gouvernance et le leadership économique (AIGLE), ont co-animé mardi 13 décembre 2022 au siège de la Chambre de commerce et d’industrie de Bobo-Dioulasso, une session de sensibilisation des élus consulaires et opérateurs économique de la délégation consulaire des Hauts Bassins, à lutte contre la corruption.

Les deux personnalités ont dans leurs communications respectives relevé la nécessité de barrer la route à la corruption sur toutes ses formes.
Le Contrôleur général d’Etat Philippe Nion a indiqué que l’ASCE-LC est une Institution indépendante qui joue pleinement son rôle de contrôle et de lutte contre la corruption conformément à la loi 082 portant sur ses attributions, son organisation et son fonctionnement.
Dans le volet prévention et lutte contre la corruption, l’Institution n’aménage aucun effort pour atteindre ses objectifs. Il a relevé que le nombre de contrôleurs d’Etat (26) reste insuffisant et des efforts sont entrepris pour renforcer l’équipe existante même si dans les profils recherchés lors des appels à candidature, les candidats au concours de recrutement ne se bousculent pas à la porte pour des raisons diverses parmi lesquelles :
– les contraintes du métier de contrôleur d’Etat liées notamment aux obligations déontologiques ;
– la question de la motivation qui n’attire pas les meilleurs profils ;
– les conditions difficiles dans lesquelles, les contrôleurs d’Etat exercent leurs activités, etc.

M Philippe Nion s’est appesanti sur les activités de sensibilisation qui ont pour objectif de prévenir les risques de corruption et partant promouvoir l’intégrité comme valeur cardinale au refus de la corruption.
Il a cité l’homme d’affaire américain, Warren Buffet qui disait que “si vous voulez recruter du personnel, mettez l’accent sur trois valeurs, l’intégrité, l’intelligence et l’énergie. S’il n’a pas la première (intégrité), les deux autres valeurs vous tueront”. Cette citation place la valeur d’intégrité au centre de la réussite dans les affaires. De de fait, cultiver l’intégrité dans les affaires, c’est Instituer une entreprise qui survit en l’absence des dirigeants.
L’intégrité dit-il, est en nous et “c’est nous qui devons de par nos actes et comportements dégager cette valeur d’intégrité” a-t-il conseiller.
Le contrôleur général d’État Philippe Nion a dit sa satisfaction quant à la tenue de la session de sensibilisation dans le cadre de la commémoration de la journée internationale de lutte contre la corruption. Il dit être prêt à renouveler une telle initiative.
A travers sa communication, son Excellence Monsieur Tertius Zongo, ancien premier ministre du Burkina, a relevé tout comme son prédécesseur, l’impérieuse nécessité de lutter contre la corruption au Burkina Faso.

Il a, à l’entame de sa communication, fait part aux élus consulaires et opérateurs économiques de Bobo-Dioulasso de sa satisfaction quant au fonctionnement de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF) et la modernisation de son système de management.
Il a salué la tenue du séminaire au profit des élus consulaires qui est à ses yeux, un gage d’une bonne vision. Il en est de même pour le partenariat entre l’ASC-LC et la CCI-BF. Il a rappelé que l’Académie Internationale pour la gouvernance et le leadership économique (AIGLE) est une structure de renforcement des capacités mise en place pour encourager et permettre aux chefs d’entreprises, aux administrateurs et aux hauts cadres des entreprises publiques et privées burkinabè et aux futurs promoteurs d’apporter une valeur ajoutée à leurs organisations et d’adopter les pratiques les plus avancées en matière de gouvernance d’entreprise.

Selon M. Tertius Zongo, la corruption est un fléau aux conséquences dévastatrices. Elle est note-t-on, le principal obstacle au développement d’une nation. Et les formes de corruption les plus répandues au Burkina sont :
– l’extorsion des fonds et le trafic d’influence ;
– les pots de vin ;
– l’enrichissement illicite ;
– la fraude fiscale ;
– les détournements de deniers publics ;
– les conflits d’intérêts.
Ces formes de corruption affaiblissent l’administration publique, tuent l’économie formelle au profit de l’économie du crime a-t-il relaté.
Il s’est appesanti sur une étude du Fonds Monétaire International qui révèle que :
– la valeur des pots de vin servie est égale à 10,9 % de la valeur de l’investissement.
– les difficultés inhérentes à la création des entreprises reposent sur les pots de vin, la fraude fiscale, les taxes très élevées.
La corruption dans les passations de marchés n’est pas en reste car, constituant un handicap dans la collecte des recettes publics.
Outre ces aspects qui impactent négativement la résolution des problèmes de corruption, le communicateur retrouve d’autres facteurs non négligeables :
– le manque de transparence dans la passation des marchés publics ;
– le manque d’éthique et de morale ;
– l’impunité dans le mauvais traitement des dossiers;
– le trafic de drogue ;
– la contrebande à grande échelle etc.
Le conférencier recommande aux gouvernants le devoir d’exemplarité et plaide pour l’automatisation des chaînes de paiements électroniques en vue de minimiser les risques de corruption entre entrepreneurs et agents publics.
M. Zongo a dénombré deux types de corruption à savoir la grande corruption et la petite corruption tout en indiquant qu’une étude à travers la Banque Mondiale, révèle que plus de 2600 milliards de dollars sont donnés comme corruption chaque année à travers le monde, et 1500 milliards sont des pots de vin directement versés aux corrompus.
En 2021, le rapport du REN-LAC dit que la corruption au Burkina est présente et même fréquente. C’est une situation qui prend de l’ampleur et de la communication, il ressort qu’il faut appliquer le code d’éthique et de bonne conduite dans le milieu des affaires à travers des actions collectives.
On note qu’il faudrait protèger les dénonciateurs si nous voulons une lutte efficace contre les corrupteurs.
Les échanges qui ont suivi les deux communications ont fini par convaincre de l’intérêt accordé par les élus consulaires à la session de sensibilisation à la lutte contre la corruption au Burkina Faso.

DCP/ASCE-LC.